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vendredi 16 février 2018

LIGNE PAU-BEDOUS-CANFRANC, UNE CONSTRUCTION INUTILE ET COÛTEUSE

La reconstruction de la ligne à voie unique entre Bedous et Canfranc distants de 33 km a pour objectif de relier Pau à Saragosse par trains de voyageurs et par trains de fret.
Plusieurs études ont estimé le coût de cette reconstruction entre 430 et 630 M €.
Cette reconstruction doit s'accompagner de la remise en état et de la mise à écartement européen des voies espagnoles entre Canfranc et Saragosse (201km). 
Selon l'étude que le Président de la Région Nord Aquitaine a été enjoint de transmettre par décision du Tribunal Administratif aux opposants à cette réalisation, le nombre de circulations voyageurs (16) serait inchangé; 8 circulations seraient prolongées jusque Saragosse, 6 de ces circulations s'arrêteraient à Etsaut et Urdos; l'étude en conclut que la fréquentation annuelle de la ligne sur le territoire français augmenterait de 100 000 voyageurs soit l'équivalent de la fréquentation actuelle des 16 circulations de la ligne Pau-Oloron-Bedous. Totalement irréaliste !!
La fréquentation des 4 TER allers-retours entre Oloron et Bedous n’est pas supérieure à celle des bus qui assuraient le même service autrefois : il en sera donc de même dans le cas visé.
Même lorsque la ligne via Canfranc existait, le fret ferroviaire entre la France et l'Espagne était acheminé à plus de 98% par les axes atlantique (Hendaye/Irun) et méditerranéen (Cerbère/Port Bou) ; les opérateurs ferroviaires ont abandonné l'acheminement du fret via la ligne transpyrénéenne de La Tour de Carol alors que l'infrastructure existe. Pourquoi ? Parce que le coût de la tonne transportée est beaucoup plus élevé que par les axes classiques.
Le fret de Saragosse et du sud de l'Espagne parcourt 112 km de plus s'il passe par Canfranc et Pau emprunte des lignes à fortes pentes réduisant à la fois le tonnage, la vitesse et la longueur des trains, parcourt 227 km en voie unique avec des points de croisement très espacés (33 km pour Bedous-Canfranc, ce qui réduit le débit de la ligne ; il faut donc davantage d'engins traction, de personnel et la rotation des wagons est moins bonne.
De plus le fer n'est compétitif que sur des parcours supérieurs à 600 km et il n'existe plus aucune gare fret de Pau compris à Canfranc.
En 2013 RFF avait estimé le trafic fret annuel à 30 000 tonnes et c'était très optimiste, compte tenu que le coût de la tonne transportée est au moins 2 fois plus cher par Canfranc que par Hendaye et que les conditions de transport par Hendaye s'amélioreront avec la mise en service en 2020 de l'Y basque.
Il est plus que probable que si la ligne est reconstruite entre Bedous et Canfranc, elle n'acheminera que le seul trafic nécessaire à l'entretien de la ligne ferroviaire.
En conclusion, la reconstruction de la ligne entre Bedous et Canfranc serait un gaspillage d'argent public sans aucun intérêt pour les populations concernées.

C'est quand même très étonnant que le Président de Région se retrouve en contradiction avec deux rapports officiels successifs : le rapport DURON, puis le rapport SPINETTA.

Germain Suys Ingénieur SNCF en retraite.




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