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lundi 12 février 2018

LE PROJET DE LGV BX-DAX REPORTÉ A 2038. POURQUOI ? SES CONSÉQUENCES

Le Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI), chargé de classer les grands projets nationaux d’infrastructures ferroviaires et routières, a donné, dans son rapport du 18 janvier 2018, l’avis suivant concernant le projet de construction de la LGV entre Bordeaux et Dax :
« (Page 87) L’opportunité de ligne nouvelle Bordeaux-Dax doit être considérée à plus longue échéance. Certains membres du Conseil se sont interrogés sur la possibilité d’obtenir moyennant des travaux de relèvement de vitesse sur la ligne classique quasiment les mêmes bénéfices qu’une ligne nouvelle à un coût bien moindre. Dans tous les cas, le Conseil considère que l’infrastructure nouvelle ici ne serait justifiable que par la saturation de la ligne existante, notamment pour répondre aux besoins du fret, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et ne semble pas envisageable avant un horizon lointain. Il recommande de ne pas inscrire de financement pour cette opération mais de sécuriser le tracé prévu et de réexaminer la situation lors de la prochaine révision de la programmation....
(Page 88) L’aménagement de la ligne nouvelle Bordeaux-Dax à partir de 2038 pour l’ensemble des scénarios.
(Page 200) S’agissant de la liaison nouvelle Bordeaux-Hendaye, les conditions de saturation qui sous-tendent sa réalisation et qui sont très fortement dépendantes de l’économie espagnole et de son recours au transport ferroviaire, ne devraient pas justifier un engagement des travaux avant 2030…
Dans ce contexte, la commission retient dans le scénario n°2, en premières priorités, la réalisation de la section Bordeaux-Toulouse et place en secondes priorités la section Bordeaux-Espagne. Toutefois, la commission considérant qu’elle ne peut être entièrement affirmative sur le moment à partir duquel il sera nécessaire d’engager les travaux de cette dernière section, elle a prévu une provision pour engager en tant que de besoin de premiers travaux... »

Nos commentaires :

L'avis du COI met en évidence :
1°) que la ligne classique n'est pas saturée 
2°) que la construction de la LGV Bordeaux-Dax n'est pas envisageable avant ... un horizon lointain.
Ce sont là les points que l'association TGM a toujours soutenu lors des réunions auxquelles elle a participé ; un agent de SNCF Réseau soutenant l'inverse et prétendant qu'il fallait attendre la mise en service de la LGV Bordeaux-Dax pour arrêter les TER en gare de Talence Médoquine ; la Région Nord-Aquitaine suivant la position de cet agent.
a) La fréquentation de la ligne Bordeaux-Dax par jour et par sens

Parcours
TGV
TER
Fret et autres
TOTAL
Bordeaux à Talence-Médoquine au km 4
6 (1)
52
14
72
Talence à bifurcation de Lamothe au km 42
6 (1)
39
14
59
Bifurcation de Lamothe à Morcenx
6 (1)
14
14
34
Morcenx à Dax
6 (1)
7
14
27
(1) 7 dans l’autre sens





Cette fréquentation est très inférieure à celle de la ligne Bordeaux-Coutras sur laquelle une centaine de trains chaque jour par sens ont circulé pendant des années dont une trentaine de TGV, 50 TER et une vingtaine de trains fret alors que les règles d'espacement entre les trains sont les mêmes qu'entre Bordeaux et Dax.
b) La vitesse-limite de la ligne Bordeaux-Dax est actuellement de 160 km/h et pourrait être portée à 200 km/h et même à 220 km/h moyennant la suppression des quelques passages à niveau, ce qui donnerait un temps de parcours équivalent à celui du projet de LGV qui allonge de plus de 30 km la distance entre Bordeaux et Dax. A quoi cela servirait de rouler à 320 km/h en empruntant une LGV si c'est pour mettre le même temps que par la ligne classique modernisée. Je rappelle que le 28-3-1955, la locomotive CC 7107 d'Alsthom battait le record du monde de vitesse en roulant à 331 km/h entre Facture et Morcenx. Le lendemain, la BB 9004 de Jeumont-Schneider égalait ce record sur le même parcours. Ce parcours avait été choisi parce qu’il possédait la plus longue ligne droite du réseau national :  46 km entre Lamothe et Labouheyre (même les LGV n'ont pas d'aussi longues lignes droites) ; c'est encore pour cela que les essais du prototype du TGV y ont été effectués avec des pointes à 318 km/h. La suppression des passages à niveau et la modernisation de la ligne coûteraient bien moins que la construction d'une ligne nouvelle.

c) Même si l'avis du COI démontre que le préalable imposé par la Région Nouvelle-Aquitaine d'attendre la mise en service de la LGV Bordeaux-Dax pour arrêter les TER à Talence n'est pas justifié, il n'en reste pas moins vrai que c'est toujours le Président de la Région Nouvelle Aquitaine qui décidera de créer ou non cet arrêt. Croire que l'avis du COI a profondément changé les choses, c'est oublier toutes les mauvaises causes inventées pour ne pas arrêter les trains à Talence. L'étude nouvelle demandée par Bordeaux-Métropole pour prouver une nouvelle fois la faisabilité de cet arrêt sera un élément supplémentaire. Il ne faut pas oublier, par exemple, que la Région a aussi toujours soutenu qu'il n'y avait plus un seul sillon disponible sur cette ligne alors que la création d'un arrêt n'entraîne pas la création d'un sillon ; la Région a tellement répété d'autres balivernes sorties par SNCF Réseau qu’on doit se demander s'il y a, de sa part, une volonté de nuire au projet talençais.
Germain Suys
Lien vers le rapport du COI :
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/2018.02.01_rapport_coi.pdf

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