Le dossier d'enquête
publique concernant le triangle des échoppes ( voir à la fin de cet article)
indiquait que la fréquentation de la ligne avait été de 411 000 voyageurs en
2011 et prévoyait qu'elle passerait à 639 000 voyageurs l'année suivant la mise
en service du triangle des échoppes. Cette prévision prenait en compte : d’une
part une augmentation constante de la fréquentation de 2011 à la mise en
service du triangle (soit +48 000 voyageurs) et d'autre part une augmentation
de 180 000 voyageurs liée directement à la mise en service du triangle.
1°) Au lieu de
l'augmentation constante, ce fut une baisse de la fréquentation liée à la
fermeture de la gare de Ravezies le 25 août 2012 ainsi qu’à l'allongement des
temps de parcours des TER entre Talence Médoquine et le km 13 à partir du 1er
février 2013. Le 23 avril 2013, lors du comité de ligne organisé par la Région
Aquitaine et SNCF, une baisse de fréquentation de 14,9% était constatée pour le
début 2013 ; bizarrement, ce constat a échappé en octobre 2013 au rédacteur du
dossier d’enquête. Pour l'année 2013 la baisse de fréquentation fut de 10 %, ce
fut de loin la plus importante baisse de fréquentation des lignes de
la Région.
2°) La mise en service
quasi simultanée des 9 AR Pessac-Macau et du prolongement de la ligne C du
tramway a eu l'effet inverse de celui annoncé dans le dossier : les
"experts" de la Région et de RFF avaient prévu une augmentation du
trafic obtenue grâce à la complémentarité et au maillage des 2 lignes ;
ils avaient oublié un détail : les deux lignes parallèles sur 5 km entre
Blanquefort et Bruges rejoignaient Bordeaux-Saint -Jean : les 2 lignes n'étaient
pas complémentaires mais concurrentes et le tramway bénéficie :
a) d'une
meilleure fréquence (un tramway toutes les 15 minutes alors que la fréquence
des TER pour Bordeaux était désormais réduite à un TER toutes les 60 minutes au
lieu de 1 toutes les 30 minutes avant la mise en service).
b) d'une
tarification moins élevée surtout si l'usager ferroviaire utilisait aussi les
transports en commun TBM.
Le TER aurait pu
bénéficier d'un moindre temps de parcours mais les "experts" de la
Région et de RFF s'obstinèrent à maintenir les temps de parcours anormalement
longs mis en service le 1er février 2013. Ainsi il fallait 35 minutes
pour effectuer le trajet de Blanquefort à Bordeaux-Saint -Jean en TER ou en
tramway alors que le TER ne dessert que 3 gares intermédiaires tandis que
le tramway en dessert 17. Ce n'est pas par ignorance que ces horaires avaient
été maintenus puisque le Président de Région avait été saisi par deux fois de
ces temps de parcours anormalement longs : lors d’une réunion le 13 mars 2015
et par courrier le 7 avril 2015. Ce n'est que le 2 juillet 2017 que les
TER bordelais retrouvèrent les temps de parcours d'avant le 1er février 2013 ;
mais beaucoup d’usagers depuis le 18 décembre 2016 ont fait le choix
du tramway.
La création des AR
Pessac-Macau a entraîné la suppression des AR Bordeaux-Macau et une
refonte complète de la grille horaire journalière et, lors de cette refonte,
des choix déplorables ont été préjudiciables à la clientèle qui effectuait les
plus longs parcours ; je ne prendrais qu'un exemple : le TER le plus
fréquenté de la ligne en raison de son heure d'arrivée à Bordeaux (Le
Verdon 6.25 -Bordeaux 8.11) a été retardé et n'arrive plus qu' 8.49
à Bordeaux (une heure trop tardive pour les travailleurs).
L'horaire de ce TER
le plus fréquenté a été attribué à un TER Macau 7.33 -Pessac 8 .04. Si cette
modification a été sans conséquence pour les usagers compris entre Macau et
Mérignac-Arlac, elle a pénalisé les usagers venant d'au-delà de Macau, obligés
de prendre le TER précédent partant du Verdon à 5.47 ou à changer de mode de
transport ainsi que les usagers allant à Bordeaux et n'a été
bénéfique qu'à de rares pessacais. Cet exemple montre que de
nombreux voyageurs qui effectuaient les plus longs parcours ont été
lésés pour quelques rares usagers pessacais.
La création des 9
AR Pessac-Macau a réduit à la portion congrue les intervalles de temps
nécessaires aux opérations d'entretien. Pour effectuer ces travaux SNCF Réseau
a interrompu totalement la circulation ferroviaire pendant plusieurs heures
consécutives du 28 février au 17 mars 2017.Pendant cette période (sauf samedis
et dimanches) chaque jour 16 TER étaient supprimés et certains étaient remplacés
par des bus.
Les usagers médocains
constataient en gare de Bordeaux que les vieilles rames Z2 ne circulaient que
sur une seule ligne : la leur et ils croisaient des TER Pessac-Macau déserts et
assurés par des rames AGC, cela accentuait leur sentiment d'amertume.
Beaucoup de raisons à
cette désaffection des usagers pour les TER.
Depuis la mise en service
des 9 AR Pessac-Macau la fréquentation de la ligne a sérieusement chuté, elle
sera nettement inférieure à 370 000 voyageurs en 2017, inférieure à ce
qu'elle était avant la mise en service, et très loin de l’objectif annoncé de 649
000 voyageurs. Créer 117 000 trains-km pour perdre des voyageurs : c’est
malheureusement le constat de ce projet déclaré d'intérêt général. Il faudra
bien que ceux qui sont à l'initiative de cette décision prennent
conscience qu'il n'est pas raisonnable de s'entêter à faire circuler des
TER vides et qu'il faut remettre en cause la grille des horaires pour redonner
aux médocains l'envie de reprendre les TER.
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